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Page:Des Monts - Les Legendes des Pyrenees 3e, 1876.djvu/119

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l’amour pour tribut et des fleurs pour encens. Ah ! qui ne s’est senti ému en parcourant des yeux tous ces témoignages de douleurs éteintes, exposés là comme pour ranimer l’espérance dans les cœurs alarmés ? Ceux mêmes qui ne croient plus ne peuvent se soustraire entièrement à ces douces impressions, car le cœur garde encore sa foi quand l’esprit est devenu incrédule. Voyez plutôt tous ces jeunes hommes qui se drapent si fièrement dans un orgueilleux scepticisme ! Vainement affectent-ils de ne point entrer comme nous dans les temples chrétiens pour s’agenouiller au pied des autels et se prosterner devant la croix, la tête inclinée, la pensée à Dieu, le cœur à la prière, l’âme enlevée sur les flots d’un océan d’amour et de foi, ils ne peuvent se défendre d’y pénétrer pour respirer le parfum de l’encens et de la prière, pour respirer la sublime poésie des vieux hymnes et des pieux cantiques ; — pour voir les clartés vacillantes des flambeaux se perdre au milieu des gracieuses spirales de fumée odorante qui montent joyeusement au ciel en tournoyant ; pour voir étinceler comme une châsse de martyr le mystérieux tabernacle dont les lames d’or, inondées de lumière, scintillent sous les reflets des cierges, ou peut-être aux derniers rayons du soleil ; — pour entendre la mélodie des chants sacrés s’éteindre et mourir sous les