Page:Des Monts - Les Legendes des Pyrenees 3e, 1876.djvu/122

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l’ardent amour des montagnards pour leur divine patronne, sans leur foi profonde en sa toute-puissance, que n’osèrent trop braver les farouches envoyés de Robespierre, c’en était fait d’elle. Une fois de plus elle redevenait la proie des flammes. Par bonheur il n’en fut rien, et l’aurore de jours meilleurs vint bientôt lui faire oublier la tourmente passée. Dès qu’elle apparut, les populations, heureuses de pouvoir recommencer leurs pèlerinages, revinrent toutes à Sarrance avec ce sincère enthousiasme qui les anime aujourd’hui encore le 15 août et le 8 septembre. Car c’est surtout ces deux jours-là qu’il faut voir Sarrance avec ses rues encombrées d’hommes et de femmes parés de leurs plus riches habits de fête.

Ils accourent en foule de tous les côtés où la vue peut s’étendre, qui du pays basque, qui de la vallée d’Aspe, qui des montagnes. Tout couverts de sueur et de poussière, nu-pieds et la veste sur l’épaule, ils oublient l’excès même de leur fatigue pour ne songer qu’à mêler à l’unisson leurs invocations fortes et saccadées, et à chanter de vieux hymnes en chœur de cette voix qui ne connut jamais pour base que la chute retentissante du Gave sur son lit de rochers. Rien n’est émouvant, rien ne pénètre l’âme d’un généreux et saint enthousiasme comme la vue de ces groupes, où le vieillard est