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Page:Des Monts - Les Legendes des Pyrenees 3e, 1876.djvu/201

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s’enfuit le visage dans ses mains, ayant horreur de lui-même, et ne s’arrêta que dans une fondrière déserte. La nuit vint et la cloche du mont Campana se mit à tinter. Il entendit bourdonner les rouets des fées du Bergonz. Le géant habillé de feu parut sur le pic d’Anhie. Des images étranges se levèrent en son cerveau comme les rêves d’un malade. Le souffle du démon était sur lui. Il sentait sa raison se renverser et sa foi se dissoudre. Une légion de visions fantastiques chevauchait dans sa tête au bruissement des ailes infernales et le ravissant sourire de la belle dame le piquait au cœur, comme n’eût pas fait la pointe du plus acéré poignard d’un Sarrasin maudit. Le petit homme noir parut à ses côtés, et lui dit : « Comment, Bos, tu n’es pas invité à la noce de ta femme ? Le sire d’Angles l’épouse tout à l’heure. Ami Bos, il n’est pas courtois !

« — Maudit de Dieu, que viens-tu faire ici ?

« — Tu n’es pas reconnaissant ; je t’ai tiré d’Égypte comme Moïse ses badauds d’Israélites ; et je t’ai transporté, non pas en quarante ans, mais en un jour dans la terre promise. Pauvre sot, qui t’amuses à pleurer ! veux-tu ta femme ? donne-moi ta foi, rien davantage….. Va, les coups de fouet des Nubiens t’ont mis la couardise au cœur ; tu n’oses te venger ; les varlets de