Page:Des Monts - Les Legendes des Pyrenees 3e, 1876.djvu/202

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chiens devraient te fouailler sur la place. Dors sur la neige, bon chevalier. Là-bas, où sont les lumières, le sire d’Angles embrasse ta femme. »

Le cœur de Bos bondit dans sa poitrine comme pour se briser : « Seigneur, mon Dieu, dit-il en tombant à genoux, délivrez-moi du tentateur ! » Et il fondit en larmes.

Le diable bondit, chassé par cette prière ardente, et, en retombant, il enfonça sa griffe dans un rocher, où l’on en voit encore l’empreinte. Mais, pendant ce temps, les mains de Bos, saintement jointes sur sa poitrine, venaient de rencontrer son anneau de mariage qu’il portait à son scapulaire. « Oh ! mon Dieu, dit-il en tressaillant de joie, merci à vous, et faites que j’arrive. »

Il courut comme s’il avait des ailes, franchit d’un saut la porte du castel et pénétra dans la grande salle où le festin durait encore. Plus que jamais sa gente épouse paraissait radieuse et belle, plus que jamais ses deux grands yeux noirs, lascivement humides, tournaient vers le baron d’Angles leur éclat alangui.

Il s’approcha d’elle, lui prit la main et lui montra le précieux anneau.

La châtelaine pâlit.

Pour le moment, je crois, elle eût de beaucoup