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Page:Des Monts - Les Legendes des Pyrenees 3e, 1876.djvu/237

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dait naguère encore, elle s’arrêta devant une chétive et pauvre maison, pénétra dans une de ces allées sinistres que le jour n’éclaire qu’à peine, et ne craignit pas de heurter du bout de son gant parfumé à une porte grossière et noire.

Une jeune fille vint ouvrir.

C’était sa rivale.

Certes, s’il pouvait être, pour une femme, une excuse aux infidélités de celui qui l’a trahie, elle eût été dans la merveilleuse beauté de l’étrangère. Il était impossible d’imaginer une créature plus ravissante, plus faite pour exciter les désirs. Elle paraissait vingt ans au plus. Sa peau était brune, mais d’un tissu si fin et si transparent, qu’elle semblait changeante : elle se colorait ou devenait pâle avec la même rapidité aux moindres émotions : des cheveux abondants et d’un noir d’ébène couronnaient son front, d’une forme et d’une pureté exquises, et sous l’arc de ses sourcils brillaient de grands yeux dont l’éclat était tempéré par de longs cils. Son col, ses épaules et ses bras, qu’elle avait nus, suivant l’usage des femmes de sa caste, offraient le type de la perfection. Ce qui séduisait en elle, ce n’était pas ce parfum de fraîcheur et d’innocence qui pare les jeunes filles, cette ignorance naïve de l’âme qui se reflète sur leurs traits et rayonne autour d’elles comme une sainte auréole