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Page:Des Monts - Les Legendes des Pyrenees 3e, 1876.djvu/286

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et craignait surtout peu les serpents, comme tous ceux que les Pyrénées ont vus naître, le jeune pasteur, loin de paraître effrayé de cette étrange caresse, ne cessa, tout le temps qu’elle dura, de tourner vers la jolie fée ses grands yeux noirs plus étincelants que jamais, grâce aux tumultueuses ardeurs du désir qui bouillonnaient dans son corps de vingt ans.

Quand tout fut fini, la fée reconnaissante prenant par la main son époux aimé le conduisit dans une grotte immense toute remplie d’or et d’argent. « Emportons-en seulement, dit-elle, de quoi charger deux mulets ; avec cela, nous achèterons une ferme, de beaux champs, et vivrons mille fois plus heureux dans ces montagnes que les plus puissants rois de la terre dans leurs somptueux palais. »

Ainsi firent-ils… Et depuis, la prédiction de la fée s’accomplit, car ils eurent les plus beaux enfants et les plus belles moissons qui se puissent voir.

Aucun nuage même ne semblait devoir venir troubler l’horizon si pur de leur bonheur, quand un jour — jour à jamais néfaste ! — la jeune épouse du pâtre ayant regardé le ciel pour savoir le temps qu’il annonçait, suivant l’invariable coutume des gens des campagnes, y crut apercevoir, au milieu