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Page:Des Monts - Les Legendes des Pyrenees 3e, 1876.djvu/287

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d’une sérénité à laquelle tout le monde se serait trompé, les signes avant-coureurs d’une de ces terribles tempêtes qui ne laissent partout après elles que les navrants vestiges d’une complète dévastation. Sans plus tarder, elle donna l’ordre aux valets de ferme d’aller au plus tôt faire la moisson, et de rentrer tout d’abord les gerbes, bien que les épis fussent loin d’être arrivés à leur maturité.

Quand son époux revint de la ville, bien grand fut, comme vous pensez, son étonnement de voir tous ses gens occupés à faucher des blés à peine jaunissants. « Avez-vous donc tous perdu la tête ! exclama-t-il avec colère, et depuis quand se permet-on ici de rien faire sans mon ordre ?

Parmi les moissonneurs, personne n’osait lui déclarer qu’on ne faisait qu’obéir à sa femme ; à la fin pourtant, il s’en trouva un qui le lui dit tout franchement.

Au même instant apparut l’ex-fée, qui venait surveiller elle-même les travaux.

« Folle sans pareille, lui cria le pâtre, as-tu donc tout à fait perdu la tête pour donner des ordres aussi déraisonnables ? »

Or, le mot Folle — vous vous en souvenez — était justement un des deux qui devaient causer la ruine du bonheur de la fée. Si bien que dès qu’elle l’entendit, la malheureuse, poussant un profond