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Page:Des Monts - Les Legendes des Pyrenees 3e, 1876.djvu/68

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reverrait plus peut-être : il avait laissé derrière lui sa joie et sa vie ; et les sanglots convulsifs de la douleur venaient se briser sourdement contre son cœur tout en larmes.

Celui que n’a pas déchiré l’amer regret de se séparer de celle qu’il aime, celui-là ne sait rien de la vie ; toutes les souffrances de la vie sont là !

Il y avait quelques heures à peine que Karl avait quitté sa demeure, qu’il se retourna tout à coup comme à un bruit inattendu ; il avait cru entendre le trot d’un cheval.

Un nouveau compagnon accourait en effet derrière lui.

Ce cavalier, c’était… c’était le doute.

Il ne put s’empêcher de tressaillir.

Et quand je reviendrai, pensa-t-il, qui sait si Thérésa m’aimera toujours ?…

Quand les yeux se sont déshabitués à voir, quand la bouche s’est déshabituée à parler les paroles de l’amour, quand le feu de l’âme n’est plus entretenu par la flamme présente d’une autre âme… est-ce que tout n’est pas fini ?

Malheur à moi, s’écria Karl ; le ciel ne veut plus que je sois heureux ! La souffrance qu’il m’envoie est l’expiation de mon bonheur d’hier !

Il y a quelques jours, comme la joie vibrait dans ma poitrine ! je humais l’air avec délices, car je