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Les murs sont rehaussez, redoublez, rafermis
Par les ouvrieres mains des Cyclopes amis.
Au dedans du logis les portes sont ferrees,
350Et de chaisnes d’acier plus fortement serrees.
Sterope & Piracmon jamais n’ont travaillé
Avec plus de sueur, ny le fleuve mouillé,
Metal plus endurci. Par ceste grande espace
Proserpine chantoit d’une mignonne grace,
355Et pour sa Mere absente elle tissoit en vain
D’un art laborieux & d’une docte main
Une toille admirable. En un lieu haut paroissent,
Les sieges paternels en l’autre se cognoissent
Les loix de la nature & les freres divers,
360Qui par un saint discord accordent l’univers.
Du Cahos ancien le feu premier s’avance,
Qui d’un sault messuré legerement s’élance
Jusques aupres du Pole, & l’air aupres de luy
L’onde s’escoule en bas, la terre sert d’appuy
365Pendant au milieu d’eux : la couleur n’est pas une.
On voit l’or du Soleil, & l’argent de la Lune,
L’azur est espandu sur le giron des eaux,
Et les borts relevez de pretieux joyaux.
Les flots vont grossissant en l’eau dissimulee,
370Par des filets cachez l’Algue se voit meslee
Avec les cailloux : le murmure enroüé
Des alterez sablons pourroit estre avoüé
Des plus subtils espris. Dans ceste toille encore
Cinq zones se font voir, une qui n’a l’Aurore
375Ny Phebus pour amis : car de rayons ardans
Ils luy vont sans sejour mille flesches dardans.