Page:Des Roches - Les Missives.pdf/110

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115Que tout y soit parfait, afin que je sois digne
De voir cueillir mes fleurs par une main divine.
Zephir aiant ouy, bat l’aisle mollement,
Et par un doux nectar verse fertilement
Les graces sur les fleurs : la terre est embellie
120De gazons esmaillez que la rosee allie.
Le ciel se descouvrant aux printanieres fleurs
Monstre qu’il prend plaisir en leurs vives couleurs.
La rose paroist là d’une couleur sanguine,
Et le noir vaciet & ceste fleur voisine
125Du cler & de l’obscur. Mais qui peut esgaller
Telles perfections ? on ne voit estaller
A l’oyseau de Junon tant de Soleils ensemble.
L’Escharpe Parthien tant de graces n’assemble.
Le Poele Assyrien n’a point tant de joyaux,
130Et l’humide sourci qui denote les eaux,
N’a point tant de couleurs, quand la nuë esclercie
Monstre la deité envers l’homme adoucie.
Mais la beauté du lieu tousjours va surpassant
L’esmail de tant de fleurs, la plaine rehaussant
135Son petit bord enflé se monstre relevée
Par des mols ruisselets qui l’aiant retrouvee
La delaissent encor, ces ondelets ruisseaux,
Qui croissent leur giron par les negeux monceaux,
Leschent inconstamment les arbrisseaux & l’herbe
140Qui decore le fond de la forest superbe.
Là le Soleil amy empesche la froideur
Et les rameaux serrez la violente ardeur.
Là se voit le cormier si commode à la guerre,
Le Cipres, Couvre-tombe & le rampant Lierre.