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175Ces belles tout ainsi enserrent les fleurettes,
Meslant le lys candide aux brunes violettes.
L’une de marjoleine a le chef verdissant.
La souveraine fleur rend leur sein rougissant.
L’une marche en grandeur de roses estoilee,
180Et l’autre de ligoustre est blanchement voilee.
Le dolant Hyacint s’y voit cueillir aussi,
Et Narcis qui causa son amoureux souci.
L’un natif d’Amyclee, & l’autre d’Helicone.
L’un frappe d’un palet, l’autre d’ardeur felone
185Bruslant pour sa beauté : vous eustes pauvres fleurs
De Phebus & Cephise & les plains & les pleurs.
La Fille de Ceres entre toutes est prompte
A recueillir des fleurs qu’ell’ arange sans compte
Dans ses petis paniers elle façonne en rond
190Une belle couronne & la met sur son frond ;
Presage trescertain, du fatal mariage.
Ceste Deesse aussi qui d’un viril courage
Anime les combats, plie sa forte main
Pour butiner l’esmail & en parer soudain
195Ou son bouclier horrible, ou sa creste ferree.
Celle qui suit des chiens la meute preparee
Au mont Parthenien, veut arrester encor
Par un lien de fleurs sa belle tresse d’or.
Ces trois apparoissans diversement esgales,
200Ornoient esperdument leurs faces virginales :
Quand voicy retentir un grand son esclatant,
Qui fait choquer les tours, la terre departant,
Renversant les citez jusques à la racine :
Secrete en est la cause, & la seule Cyprine