De l’Averne empesté n’esprouvent les dangers.
Amasanctus retient son halaine bruiante.
Le Torrent ne va plus que d’une cource lente.
On dit que l’Acheron eschangea de ruisseaux,
Et le lait nourricier tint la place des eaux.
Le Cocyte dont l’eau se monstre verdissante.
Par le lierre voisin print la liqueur plaisante
De ce doux Lyeus & s’en emplist le sein.
La Parque ne tient plus dans sa fatale main
Le cizeau tranche-vie : aussi les tristes plaintes
Ne doivent pas troubler les assemblees saintes.
La mort n’est plus errante, & le flot & le fer,
Et les maux redoutez sont manques pour l’Enfer.
Le viellard passager d’un roseau environne
Ses cheveux non peignez : puis en chantant il donne
Treve à ses avirons. Desja l’obscure Nuit
Aiant pris son manteau qui d’estoilles reluit
Guide la belle vierge en sa chambre paree.
Une couche estoit là richement preparee,
Qui soudain la reçoit. Les saints Religieux
Entonnent au palais ce chant devotieux.
O Junon que le ciel a fait vers nous descendre,
Recevez du Tonnant & le frere & le gendre,
Et tous deux jouyssez de l’heur perpetuel
Que vous doit apporter un amour mutuel.
Ainsi soit vostre nopce heureusement feconde.
Nouvelles deitez puissiez vous mettre au monde.
Lors vous accomplirez les prieres & vœux
De la grande Ceres, luy donnant des neveux.
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Apparence
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Fin du second livre.