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445On dit que dans ce lieu l’Ægide sanglantee
Fut par le Haut-tonnant en triomphe portee,
Et la captive proye eut son dernier recueil
Aux arbres d’alentour qui se hausent d’orgueil,
Se voyant engraver l’immortelle memoire,
450Qui publie des Dieux la supresme victoire.
Les testes des Geans fichees d’un costé
Vont menaçant encor de fiere cruauté
Le bois qui les soustient : là les masques sauvages,
Et les hideuses peaux se meslent aux ombrages
455Des horribles Serpents les os sont blanchissans,
Dont la peau est noircie aux foudres punissans.
Nul arbre ne se voit dans la forests espaisse,
Qui par un brave nom remerquer ne se laisse.
Cettuy courbe son frond, à peine soustenant
460Les armes de Briare : & cest autre donnant
Son chef audacieux aux despouilles ternies
De Zanclus prend ainsi des gloires infinies.
Cettuy-cy de Mimante esleve le harnois,
Cest autre d’Ofion environne son bois,
465Et le plus haut Sapin porte dessus la teste
D’Encelade fumeux, la superbe conqueste.
Cest enfant de la terre accableroit soudain
L’arbre qui le soutient : mais un chesne prochain
L’empesche de tomber. Ceste forests sacree
470Aux Trofees des Dieux est de tous reveree.
Là il n’est point permis de guider le troupeau,
Ny de fouler la terre ou plier l’arbrisseau.
Polifente fuiant avec crainte regarde
La beauté de ce lieu : mais celà ne retarde