siez commettre une faute si grande contre vostre profession, que de faire payer le double, & en demander deux pour une. Plustost usant de vostre accoustumee liberalité, vous recevrez s’il vous plaist Monsieur l’excuse de mon impuissance, avec les humbles recommandations de ma Fille & moy.
18.
E vous honore infiniment Madame pour les
parfaites qualitez qui sont en vous, & pource que
vous representez si bien le portrait des Graces, rendant
deux gratuitez pour une. Mais ceste derniere
loüange que je rends à vos valeurs me pourra
tourner à blasme : car je donne occasion de penser
que l’avarice me fait semer si peu de bien envers
vostre excellence pour en recevoir beaucoup, toutesfois
je m’excuse regardant le present qui j’ay
receu de vostre liberalité, lequel n’est pas moins à
l’honneur de vous qu’au proffit de moy, qui avec
ma Fille vous saluë & remercie humblement.
19.
Ous faignez d’avoir failly (Monsieur) pour
monstrer combien vous sçavez gentillement
preparer excuse à une faute. Mais vous ne serez
point accusé par moy de ceste loüable paresse que
les Spartains disoient appartenir aux hommes nobles,
bien que nous ayons d’autres loix meurdrieres
de loisiveté comme les Atheniens que vous sçavez
tant bien imiter en subtilitez de propos & d’escris.
Ma Fille suivant ainsi que moy l’opinion de Herondas,
ne veut point que vous soiez condamné