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BETTY PETITE FILLE

Léontine se taisait, par prudence. On la plaça tout naturellement sur la banquette de devant, tandis que Betty se carrait à l’arrière auprès de Jean.

Aussitôt, ils bavardèrent gaiment, osant des obscénités ; des plaisanteries de corps de garde, fluaient de ses lèvres sans qu’elle eut un frémissement. N’ayant jamais appris la moralité, elle ignorait ce qu’était l’immoralité. Tout lui paraissait naturel, pourvu que cela servit au plaisir ou à l’intérêt.

L’exemple de sa mère lui était un vivant exemple de l’exactitude de cette opinion. Pourquoi celle sur laquelle évidemment elle devait se modeler, agissait-elle ainsi, sans vergogne, si telle n’était point la sagesse.

Le jeune homme doué d’une amoralité paisible, ne s’inquiétait point, il ne cherchait pas à se demander quel poison, infiltrait dans le cœur de l’enfant, ce rapprochement inattendu de leurs trois personnes.

La voiture traversa lentement le Bois de Vincennes aux larges allées baignées d’ombre tiède.

Betty quitta sa place et l’offrit à Léontine. Elle les encouragea :

— Faut pas que je vous empêche de vous bécoter !