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BETTY PETITE FILLE

Léontine, en effet, souriait parfois mystérieusement et fixait sa jeune maîtresse avec une moquerie évidente.

Seul Jean restait sérieux, détaché du drame qui se jouait. Auprès de la fille, il avait atteint le but astucieux qu’il avait souhaité dès la première minute de leur rencontre. Sans savoir absolument ce qu’était la goton, il avait très vite reconnu ne se trouver en présence de la demi-mondaine qu’elle voulait paraître. Durant leur court tête-à-tête, il lui avait parlé congruement afin de l’amener à accepter ses conditions. Comme les offres lui semblaient royales, Léontine avait accepté, certaine d’être enfin sur la chemin de la fortune.

Dès que le logis fut proche, Betty redevint la gamine prudente. Sans même s’inquiéter des volontés des autres, elle se pencha à la portière et ordonna au chauffeur de stopper.

La voiture arrêtée, elle sauta vivement sur le trottoir et tendit la main au jeune homme qui la serra amicalement.

Léontine plus mollement l’imita et elles s’en allèrent côte à côte d’un pas vif, sans un mot, séparées soudain par un secret.

Et tout en marchant, la fillette se moquait in-petto de cet homme assez sot pour s’enamourer du souillon qu’elle voyait chaque jour, débrail-