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BETTY PETITE FILLE


lée, dépeignée, un tablier gras sur le ventre.

Derechef, elle se répéta que le mâle restait symbole de la crédulité niaise. C’était le dispensateur d’argent, de plaisir, mais nullement le compagnon.

Il lui tardait d’avoir ses dix-huit ans qui lui permettraient de donner libre essor aux talents qu’elle sentait en elle.

Arrivées au logis, elles se dévêtirent avec fébrilité et remirent tout en ordre pour le retour de Madame Cérisy. Mélancolique, Léontine reprit le tablier graisseux et le caraco de coutil.

Tout en épluchant les légumes pour la soupe vespérale, elle songea aux heures délicieuses de l’après-midi. Elle revit le dancing luxueux, les « Jazz-bandsmen » à la face bronzée.

Puis les propositions de Jean lui revinrent à l’esprit. Dans le calme de sa cuisine, elle les jugea extravagantes, irréalisables. Aussitôt elle eut besoin des conseils de Betty.

Sans bouger de sa chaise, elle appela la fillette qui accourut. En peu de mots, elle la mit au courant.

— Monsieur Jean, veut m’prendre avec lui… paraît qu’i’ m’donnera une chambre, et qu’j’aurais pus à travailler. Qu’est-ce que vous pensez d’ça, vous ?

Avec un superbe égoïsme, Betty réfléchit ;