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BETTY PETITE FILLE


départ, ne fut donc pas prise au dépourvu. Elle abandonna la vaisselle sur l’évier et le reste du dîner sur le gaz, puis monta à sa chambre.

Une demi-heure plus tard, elle était dans la rue, son petit baluchon sous le bras et princièrement arrêtait un taxi.

Madame Cérisy en face de l’atroce réalité qui la laissait sans aide, eut une crise de colère froide.

— Tu prendras une femme de ménage en attendant d’avoir une autre bonne, conseilla Betty.

Cette solution lui plaisait, parce qu’elle supposait y gagner un surcroît de liberté.

Néanmoins, le lendemain, Madame Cérisy fut contrainte de faire son nettoyage. Elle s’acquitta de cette tâche avec un joli bonnet de dentelles sur ses cheveux à reflets de vieux cuivre, et à ses mains des gants de chamois.

Pour secouer ses tapis par la fenêtre, elle avait des mouvements de poupée désarticulée, afin de manifester son dégoût de si basse besogne.

Vider un vase de nuit devint une œuvre importante qui fut accomplie dans le mystère.

Pour la première fois de sa vie, Betty la plaignit, elle comprenait combien il devait être pénible à une si délicate personne de manœuvrer le balai. Changer d’homme et par conséquent de tous ses