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BETTY PETITE FILLE


attributs, restait assurément plus propre et plus distingué.

Faire à déjeuner entrait dans le domaine des choses irréalisables ; Madame Cérisy pleurait à l’avance, uniquement à l’idée d’éplucher des oignons.

Elles firent donc grande toilette et se rendirent au restaurant.

Pour gagner de l’argent, il faut savoir en dépenser, c’est un axiome de haut commerce. Madame Cérisy ne regarda donc pas à la dépense et entraîna sa fille en un restaurant mondain des boulevards.

L’argenterie ruisselait de clarté, les cristaux scintillaient, les nappes éclataient de blancheur.

Des garçons onctueux avaient des sourires de diplomates et feignaient d’entourer le client d’un respect incommensurable.

Aussitôt assise Betty releva orgueilleusement le chef. Puisqu’elle mangeait au milieu d’un pareil luxe, elle avait de l’argent, donc elle était quelqu’un. Sa vanité puérile fut délicieusement chatouillée et ses yeux eurent des éclats de sincère admiration en considérant sa mère : ainsi c’était avec son corps, c’est-à-dire, ses seins, ses hanches et tout le reste qu’elle les élevait toutes deux à cette situation enviable ! Avec la convic-