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BETTY PETITE FILLE


son front et une songerie passa dans ses grands yeux noirs.

Déjà elle savait bien des choses, mais voulait en apprendre davantage. Sa science manquait encore de précisions, elle ignorait des détails qui l’intriguaient fort aux minutes de rêveries.

Son apparence néanmoins restait paisible, le feu qui la dévorait demeurait tout intime et de bonne heure, elle avait appris à voiler ses sentiments, se jugeant faible.

Évidemment, elle ne pouvait confier les idées saugrenues qui se bouleversaient en sa jeune cervelle, mais elle n’était point retenue en cela par une naïve pudeur, plutôt par une timidité qui lui faisait craindre de commettre une erreur.

Et au fond de son cœur, les désirs continuellement enfermés bouillonnaient en tumulte.

À la pendule, deux heures sonnèrent ; un rire silencieux glissa sur son joli visage aux très réguliers. Elle murmura, cynique et railleuse :

— Le tapissier va rappliquer !

Son regard à cette idée se fit plus noir, un halètement souleva sa poitrine.

À la réflexion, elle se demanda pourquoi sa mère employait cet euphémisme discret : on ne reçoit pas un tapissier dans un boudoir. C’était ridicule et elle haussa les épaules.