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BETTY PETITE FILLE


exprimant sa joie d’avoir dupé encore une fois un être plus fort, c’est-à-dire un supérieur.

Madame Cérisy s’était réfugiée dans le minuscule cabinet transformé en boudoir par une tenture de liberty bleu clair à ramages. C’était là qu’elle recevrait le tapissier du jour, dans la pénombre complice qui masquerait le relâchement de son ventre, la flaccidité des seins retenus avec sévérité par un soutien-gorge énergique.

Seule, elle s’étudiait à des poses gracieuses, un coude sur le dossier du sopha, l’autre main étendue au milieu de la soie de la robe d’intérieur. Et toujours les bagues scintillaient, glissant des lueurs fugitives d’étincelles électriques.

En face d’elle, une haute glace descendant jusqu’au sol, lui renvoyait une image plaisante de Parisienne soignée, que les artifices d’une toilette savante rendaient jolie malgré tout.

Orgueilleuse, elle sourit et attendit avec plus d’impatience l’amant qu’elle s’apprêtait à charmer. Assurément il lui ouvrirait sa bourse, c’était là sa principale qualité, mais aussi elle souhaitait ses caresses, jamais repue des baisers. Cas très rare, il réunissait donc l’agréable à l’utile.

Betty avait entendu la porte du boudoir se fermer ; alors elle se leva à son tour. Une ride plissa