une demi-mondaine haut cotée. On l’envia un peu,
toutes ces demoiselles étant tourmentées par la
folle du logis, mais manquant de liberté, elles se
voyaient contraintes de se contenter des à peu
près naturels que la Providence a mis à la portée
des petites filles. Tandis que Betty établissait des
plans sérieux, les autres rêvaient à un prince
charmant qui serait boxeur et posséderait une
automobile.
Leur science du grand mystère n’étant pas aussi approfondie que celle de la fillette, le désir de goûter à la coupe enchantée les tenaillait moins. Quelques-unes, en compagnie d’amies plus âgées ou de cousin rhétoricien, avaient essayé des jeux discrets, mais tout cela était resté dans une limite prudente, à cause de la surveillance maternelle.
La régularité des mœurs familiales, ne leur permettait que de souhaiter un mari et un amant, minimum honnête et de bon ton. Néanmoins la face était sauvée, grâce aux préjugés nécessaires qui maintiennent debout une société trop organisée.
Betty voyait la vie par l’autre bout de la lorgnette ; tout lui apparaissait dans sa crudité naïve, raisonnablement elle ne pouvait conserver le respect d’un certain nombre de principes dont elle constatait chaque jour l’hypocrisie. À force de