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BETTY PETITE FILLE


vivre dans l’érotisme ambiant d’un intérieur où la luxure restait l’unique ressource, sa sensualité en arrivait à primer tout autre sentiment.

Toujours la mordait au cœur l’impatience de tenter la suprême épreuve avec un partenaire de son choix. Par malheur tant qu’on a les cheveux dans le dos, il est assez malaisé de se permettre cette fantaisie, peu d’hommes quoiqu’on en dise sont assez dépravés.

Son ignorance cependant lui permettait d’espérer et cela l’aidait à vivre, ou plus exactement à patienter.

Le premier jeudi après la fuite de Léontine, dès le départ de sa mère, elle se maquilla outrageusement et s’en alla, légère.

Elle s’attendait à pénétrer soudain dans l’enfer de la débauche, aussi lorsqu’elle frappa chez la nouvelle demi-mondaine son cœur sautait dans sa poitrine.

Ce fut Léontine elle-même naturellement qui vint ouvrir, une Léontine non moins souillon que jadis, mais avec de la poudre de riz en plus. Son aveulissement semblait encore s’être accru ; elle ne marchait pas, elle traînait sur le parquet des savates fatiguées et son œil était plus lamentable que celui de la vache ruminant à vide. Betty fut désillusionnée.