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BETTY PETITE FILLE

— Voyons raconte moi… Comment fais-tu ?…

Léontine, ouvrit de grands yeux placides :

— Comment j’fais… dame j’me promène dans la rue Lafayette et puis c’est tout ?…

— C’est tout ?…

— Vous pensez pas que… non, tout c’que j’sais, c’est que l’soir j’ai les jambes comme d’la ficelle et les pieds d’un noir…

Elle montra la cuvette :

Même qu’i’ faut que j’les lave tous les jours… rapport aux messieurs, vous comprenez ?…

Betty ne comprenait rien du tout, elle s’était figuré tout autre chose, par exemple des toilettes rutilantes, des avant-scènes à l’Opéra, un face-à-main d’or et des brillants aux oreilles. Et voilà que tout consistait en une promenade pénible le long de la rue Lafayette.

Mais on frappa à la porte ; aussitôt Léontine blêmit, ses mains tremblèrent, mais elle ne bougea pas de sa chaise, jetant autour d’elle des regards éperdus.

— Eh bien, va ouvrir, conseilla la fillette.

— Oui… fit-elle en hésitant.

Pourtant elle se décida et en chancelant s’en alla vers la porte dont elle tourna la clef.

Jean entra, plus chlorotique que jamais. À la vue de Betty, il eut un bref ricanement, et salua :