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BETTY PETITE FILLE

La vue de la fillette ne lui causa aucun étonnement, elle se contenta de remarquer :

— Tiens vous v’là ?

Sans orgueil excessif elle l’introduisit dans sa chambre au mobilier mélancolique. Sur une chaise traînaient des bas et la culotte froissée, une cuvette pleine d’une eau trouble gisait devant le lit. Dans un autre coin, une boîte de conserve vide et un croûton de pain : Madame Lucie des Ronces avait dîné chez Lucie des Ronces.

Betty renifla bruyamment, à son idée ça sentait mauvais, mais Léontine n’en avait cure.

— Comment ça va ? demanda-t-elle, pour dire quelque chose.

La prostituée haussa les épaules, avec une nonchalance découragée :

— Ça va comme ça va, quoi !

La fillette fronça les sourcils :

— T’es pas heureuse ?

— J’ travaille pas, c’est déjà quelque chose de gagné, pour le reste…

Elle eut un geste de la main :

— Ben voilà !…

Tout cela ne renseignait guère la gamine, ces réticences piquaient sa curiosité. Ayant relevé sa robe pour ne point la salir, elle s’assit sur un bord du lit :