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BETTY PETITE FILLE

Plus calme, il revint vers Léontine, qu’il redressa d’une brusque traction et de nouveau réclama :

— Tu amènes le pèze ?

— J’ai rien fait hier soir, gémit-elle.

Une paire de gifles répondit à cet aveu dépourvu de poésie.

— Ah t’as rien fait ! gronda-t-il.

Une volée suivit, vigoureuse, sauvage. L’homme tapait à poings fermés. Les coups en tombant sur le corps gras de la fille avaient un son mou.

Elle ahanait, gémissait, mais ne se révoltait point, sachant l’inutilité d’une pareille tentative.

Derechef elle roula sur le sol et ainsi, il eut plus de facilité pour frapper, usant des poings et des pieds. Son visage blême de scrofuleux se crispait en un rictus satanique. Il s’essoufflait, mais n’en continuait pas moins, voulant dompter la femelle.

Betty regardait cela, les yeux exorbités. Décidément, une de ses illusions s’envolait ; la prostitution n’était point un chemin bordé de roses.

Affalée à terre, Léontine soufflait, tantôt elle roulait d’un côté, tantôt de l’autre. Pas une larme ne coulait de ses yeux ; à vrai dire, elle était habituée aux coups, en ayant reçu durant toute sa jeunesse ; mais elle n’aimait point cela.