Page:Des Vignons - Betty petite fille, 1922.djvu/132

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
126
BETTY PETITE FILLE

Passive comme toujours, elle attendait la fin de la correction qui cette fois parut se prolonger plus que de coutume.

Enfin Jean la lâcha et tout en s’épongeant le front, ricana :

— Te faudra prendre de bonnes habitudes. Qu’est-ce que tu fous ici à cette heure, si tu n’as pas de pognon ?

Elle se releva lentement et debout, remonta sa chevelure croulée sur son épaule. Elle essaya de s’excuser :

— C’est pas l’moment, y a pas d’flâneurs dans les rues…

Il haussa les épaules avec une hautaine ironie :

— C’est tout l’temps, l’moment ; faut chercher l’occase et pas l’attendre dans sa carrée…

Elle s’était laissée tomber sur la chaise et le considérait en silence. La meurtrissure des coups la gênait, mais elle n’en voulait point à la brute : c’était le métier qui réclamait cela.

La fillette était médusée, elle ne comprenait pas ; cette absence de révolte de la part du souillon l’étonnait. Toutefois elle n’osa se mêler à la conversation ; instinctivement l’homme vrillait en elle, une terreur insurmontable.

Posément, il reprit son chapeau, se coiffa avec