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BETTY PETITE FILLE


l’embrassa, la voyant toute petite. Et toutes deux ressentirent une joie profonde de cette intimité à laquelle, depuis longtemps, elles n’étaient plus accoutumées.

Lentement la sensualité exaspérée de l’enfant s’apaisait, elle trouvait dans l’affection un dérivatif à son besoin instinctif d’aimer.

Gaiment, elle sauta à terre et aida sa mère à se dévêtir, avec des délicatesses charmantes, des attentions gracieuses.

Une sérénité descendait sur elles, leur apportant un peu de réel bonheur, une satisfaction précieuse et inexplicable.

En se tenant par le bras, comme deux bonnes amies, elles gagnèrent la salle à manger et se livrèrent à une dînette joyeuse. La nouveauté de la situation plaisait à l’enfant, la rapprochant davantage de sa mère, parce que nul étranger n’était entre elles.

Après ce repas frugal, elles retournèrent au boudoir, où côte à côte, assises sur une bergère, elle bavardèrent. Betty servit le thé, alluma à Madame Cérisy une cigarette turque et revint s’installer à ses pieds, sur le tapis.

Ainsi elle la contemplait à son aise, l’admirant naïvement, la jugeant jolie.

Le souvenir de la goton passa dans son esprit