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BETTY PETITE FILLE


retenue probablement par le secret professionnel.

Ce jour là, elle retourna au logis assez maussade, malgré tout la scène cruelle à laquelle elle avait assisté avait assombri l’azur de ses projets. La preuve que l’homme n’était pas la bête crédule et méprisable, la révoltait. Il ne subsista plus en elle que la curiosité charnelle, qui elle ne l’abandonnait jamais.

En arrivant, elle trouva le nid vide, Madame Cérisy n’était pas encore de retour. Cela procura à la fillette quelques instants de solitude, qui lui permirent de réfléchir. Elle pensa à la correction de Léontine et ce souvenir lui arrachait des frissons languides. À l’heure actuelle, elle se demandait si elle craignait semblable traitement.

Enfin Madame Cérisy rentra, munie d’un paquet de charcuterie et d’un pain doré.

Betty s’empara de ces provisions et les porta à la salle à manger. Mais bien vite elle courut rejoindre sa mère dans sa chambre. Elle éprouvait, elle ne savait pourquoi, un grand besoin de tendresse.

Câline elle se blottit dans les bras maternels et s’y laissa bercer un moment. Madame Cérisy qui certainement l’aimait à sa façon, fut heureuse de cette expansion et s’y complut.

Doucement elle prit la fillette sur ses genoux et

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