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BETTY PETITE FILLE

Cette idée accrut sa nervosité, son cœur sauta dans sa poitrine, un peu de salive épaisse monta à ses lèvres.

Puis tout se tut, Léontine avait regagné sa cuisine, indifférente au tango voluptueux de madame.

Alors doucement Betty ouvrit sa porte et se glissa au dehors. Elle avançait avec précaution, les genoux pliés, les pointes des chaussures effleurant le tapis.

Devant le boudoir elle s’immobilisa, les yeux plus brillants, le teint plus blafard.

L’éclat d’un baiser lui arracha un frisson qui lui tordit la taille, sa bouche se crispa, s’ouvrant à demi.

Angoissée, elle se pencha et approcha un œil de la serrure.

Elle ne riait pas, au contraire un grand sérieux était en elle, parce que le mystère se révélait lentement, mettant en elle autant d’effroi que d’étonnement.

Sa jeune imagination s’enflammait : à en juger par l’extase maternelle, ses exclamations exagérées, elle attribuait au péché des délices extraordinaires.

Elle ne pouvait deviner que la femme flattait le mâle. Celui-ci pour être mieux retenu avait