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BETTY PETITE FILLE

Un jeudi après-midi, Betty l’entraîna chez elle et très fière, lui fit les honneurs de son home.

Ensemble elles fouillèrent les armoires de Madame Cérisy, secouées parfois de rires nerveux et prolongés.

Toute cette lingerie multicolore et fine, ces costumes de soie, étonnaient la fillette. Mais en même temps un peu d’envie se glissait dans son cœur. Elle essayait de se figurer quelle fortune était nécessaire pour se permettre ce luxe élégant.

Betty la renseigna ; avec un orgueil puéril, elle parla des tapissiers de Madame Cérisy, apporta dans ses confidences des précisions saugrenues.

Et tout en écoutant, passait devant les yeux de Marthe le voile du rêve. Ces simples paroles, commençaient le sourd travail de la dépravation, en même temps que la coquetterie était éveillée.

Notant l’intérêt de l’amie, Betty poursuivit sa démonstration, elle confia des détails piquants, souvent invraisemblables, parce qu’elle les inventait à mesure.

Dans le cabinet de toilette elles s’attardèrent, manipulant avec des mines grivoises les divers instruments qui leur tombaient sous la main. Toujours Betty expliquait, faisant peu à peu l’éducation charnelle de la fillette encore à demi-innocente.