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BETTY PETITE FILLE

Une émotion les poignait l’une et l’autre, un désir furieux les tordait ; elles n’en conservaient pas moins leur attitude hypocrite et décente.

Néanmoins, devant leur imagination lentement enflammée, la luxure se peignait en traits de feu, les faisant croire à l’illusion du plaisir extraordinaire, à l’éternelle chimère.

Cette inspection bouleversait leur nervosité à fleur de peau ; elles avaient des rires brusques et des silences subits. Tout un monde de pensées mauvaises s’agitait en tumulte dans leur pauvre cerveau.

Elles se réfugièrent dans la chambre à coucher de Betty, n’osant s’installer au boudoir. Les pieds sur la table, la jupe au ras du pantalon dont la frange blanche dépassait, elles fumèrent en buvant du thé très sucré. Malgré tout, elles restaient fillettes, se complaisant aux gourmandises d’enfants. Elles bavardèrent aussi, avec des expressions triviales qui leur arrachaient des spasmes de volupté intérieure. Chacun de ces mots grossiers, formait image, semblant leur faire toucher la lubricité.

Marthe voyait soudain, son intelligence ouverte à une multitude de choses cachées. Elle comprenait enfin, non point entièrement le mystère de l’amour, mais suffisamment pour l’exalter.