Page:Des Vignons - Betty petite fille, 1922.djvu/156

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
150
BETTY PETITE FILLE

Sans embarras, elle fixait intensément le blondin qui lui plaisait davantage, à cause de la finesse de ses attaches, la pureté plus précise de ses lignes, les grands yeux bleux ombrés de violet.

Il la vit et lui sourit, naturellement, reconnaissant en elle une précocité qui cherchait sa voie. Il n’eut toutefois aucune idée définie, agissant ainsi plutôt par amabilité.

Un flot de sang, monta au visage de la fillette : un homme enfin l’avait remarquée et ne la traitait point en gamine.

Cet homme était presque un enfant, mais elle ne s’en rendait pas compte ; entre quatorze et dix-sept ans la différence semble toujours considérable.

Il y eut un long moment d’accalmie, l’éphèbe se désintéressait d’elle, une femme après tout. Elle par contre s’acharnait, ses yeux devenaient plus noirs, une flamme violente y passait par intermittence.

Dans sa poitrine, son cœur cognait contre les parois, à coups redoublés.

Ni Morande, ni Madame Cérisy ne remarquèrent ce drame minuscule, elle conservait encore assez de sang-froid pour les duper.

Bientôt, elle ne put résister à la tentation harcelante : elle se leva et s’éloigna en prétextant des nécessités naturelles.