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BETTY PETITE FILLE

Elle s’en alla gracieuse et onduleuse à travers les tables, très sûre d’elle, sans une timidité. Sous le bras, elle avait son sac de cuir, emporté avec intention.

Dans un buen-retiro de l’établissement, elle griffonna sur une page de carnet, quelques mots fébriles et autoritaires :

« Demain à trois heures, place de l’Opéra, devant le métro ».

Ce billet, elle le plia en huit et le cacha dans un pli de la ceinture de la robe.

Son inexpérience la poussait aux audaces des grandes amoureuses ; sincèrement, elle ne voyait aucun mal à agir ainsi, puisque cela restait ignoré.

Cette missive, elle ne savait encore comment elle la ferait parvenir, mais elle avait confiance en son étoile.

Un peu plus pâle, elle rentra dans la salle, mais à son attitude rien n’était changé, elle possédait la même désinvolture, la même maîtrise de soi.

Quand elle eut regagné sa place, par hasard l’éphèbe la regarda. Près de la nappe elle lui montra le papier, en le fixant. Il comprit et répondit par un clignement d’yeux imperceptible.

Cette tentative éveilla plus sa curiosité que son intérêt, il résolut néanmoins d’aider la fillette.

Les deux amis étaient au terme de leur dîner,