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BETTY PETITE FILLE


comme à son ordinaire, elle se cacha précipitamment sous une portière. Ainsi par l’huis entr’ouvert, elle put distinguer sa mère. Celle-ci était calme, élégante, comme s’il ne se fut rien passé. Elle en conclut qu’elle n’avait point de honte et plutôt de l’orgueil.

L’acte lui parut alors tout simple, comme tant d’autres que l’on exécutait dans le courant des journées. Cette idée s’imprima profondément dans son jeune cerveau.

La bonne s’éloigna pour revenir les bras chargés d’un plateau de laque supportant des rafraîchissements.

Cela ne lui parut pas logique : Pourquoi buvaient-ils au lieu de recommencer, puisque la distraction était si agréable.

Le calme étant revenu, plus rien ne l’intéressait là ; silencieusement elle regagna sa chambre et un instant s’immobilisa soucieuse, au milieu de la pièce. Une foule de pensées s’agitaient dans sa tête, mais elle hésitait.

Devant l’armoire à glace, elle tira une chaise longue et s’y assit, élégamment, comme sa mère s’était assise sur le sopha du boudoir.

Son regard se fit plus noir, une ride sillonna son front, d’un tic nerveux elle mordilla sa lèvre inférieure.