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BETTY PETITE FILLE


sa vie, quoiqu’elle eût fait sa première communion. Mais en cela elle différait de Napoléon.

Prête cependant, la frimousse fardée comme une vieille cabotine, la toque de satin enfoncée jusqu’aux oreilles inclusivement, elle ne put résister au besoin de gagner la rue, de se montrer aux passants curieux ou concupiscents.

En véritable Parisienne, elle ne vivait réellement que sur l’asphalte, au milieu du brouhaha des véhicules, dans la poussière qui se levait de terre en nuages opaques. Si elle n’avait eu ce rendez-vous, elle aurait joyeusement flâné par les rues, au milieu de la foule tourbillonnante.

Elle prit le métro cependant en notant qu’elle était déjà en retard. Mais à l’arrivée lorsqu’elle constata l’absence de tout blondin, elle eut une moue de dépit. Coquette, elle s’était figurée le trouver blême et troublé, se morfondant à l’attendre.

Tout en errant à pas comptés sur le terre-plein, elle baissait le nez, gênée par la présence de l’agent de service. Certaine de commettre une faute, elle n’aimait point à voir se dresser devant elle ce représentant d’une autorité quelconque.

Soudain elle pâlit, tout son sang lui reflua au cœur et une minute elle fut sur le point de fuir, de se sauver, comme pour échapper encore une fois, à la chute qu’elle s’assurait proche.