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BETTY PETITE FILLE

Elle regarda mieux et eut une grimace d’ennui en constatant que pour l’occasion le blondin s’était fait remplacer par le brun. Elle s’apaisa en se disant qu’ils étaient aussi beaux l’un que l’autre.

Alors elle songea à sa chemise et à sa culotte, se demandant avec une angoisse justifiée, si ces attributs de sa valeur n’étaient trop défraîchis.

Aimable et désintéressé, il la salua d’un geste de la main et affirma avec un sourire :

— Comme nous ne savions à qui s’adressait votre charmant billet, je suis venu…

Il parlait avec des mouvements de poupée articulée, il souriait en arrondissant la bouche, jouait de la paupière pour agrandir ses yeux déjà allongés par le koheul.

Tout cela plut à la fillette, cette mignardise lui parut le summum du bon goût et de la distinction. Elle se rapprocha et constata qu’il sentait l’œillet blanc et non point la pipe et l’alcool, comme par exemple le parrain.

Ce lui fut une nouvelle preuve de distinction.

Tout en se rapprochant, câline et audacieuse, elle demanda pourtant :

— Et votre ami ?

Il eut un bredouillement vague et un rire aigrelet. Elle ne comprit rien, mais en revanche s’appuya à son bras.