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BETTY PETITE FILLE


sursauter ; très vite elle repoussa la chaise longue.

Aussitôt par crainte d’une surprise, elle reprit sa mine hypocrite et indifférente. C’était là encore le meilleur moyen de duper le prochain.

Néanmoins, elle eut le temps de se remettre, sa mère accompagnait le visiteur jusqu’à la porte et le saluait d’un retentissant : Au revoir, cher Monsieur !

La fillette ne put maîtriser un rire moqueur : à quoi bon toutes ces précautions puisque chacun savait, Madame Cérisy n’aurait-elle point dû dire : mon chéri !

Mais lorsque la porte s’ouvrit sous la poussée de la main maternelle, elle eut immédiatement ce masque immobile et étonné qui jouait si bien l’ignorance.

— Je m’habille pour sortir, fit-elle simplement et la mère jugeant inutile d’être perspicace, se contenta de cette explication.

Elle aurait aimé regarder la dame en face, afin de surprendre dans le brillant de ses yeux, des vestiges du plaisir, pourtant elle n’osa pas.

L’huis se referma, alors elle retomba sur sa chaise longue, en proie à une fatigue insurmontable. Une moiteur était à ses aisselles, une brume flottait devant elle, estompant le spectacle habituel de la chambrette.