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BETTY PETITE FILLE

Ce n’était exactement la nature qui parlait en elle, mais une sorte d’impatience morbide qu’avait créée une imagination déréglée et sa nervosité surexcitée.

Mais brusquement elle se redressa et s’habilla avec une fébrilité mécontente. Il lui tardait d’être au dehors, il lui semblait que là elle trouverait ce à quoi elle aspirait inconsciemment tout au fond d’elle-même. La rue, c’était pour elle les frôlements suspects, les gestes lascifs des femmes, les regards brûlants des hommes, les grossièretés qui retentissaient à chaque coin de trottoir.

Une fois prête, elle courut rejoindre sa mère, non point poussée par l’affection tendre, mais plutôt par une curiosité inquiète et une coquetterie instinctive, qui la faisait se complaire parmi les frous-frous soyeux des dessous élégants.

Madame Cérisy la reçut en chemise, sans gêne et l’attitude indifférente, la fillette épiait. Vaguement elle espérait découvrir encore des traces palpables des jeux de l’après-midi.

Dans le cabinet de toilette aux parfums émouvants, elle s’attardait, se complaisant dans cette atmosphère viciée qui fleurait le rut et la prostitution. Tout l’intriguait, sous chaque instrument,