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BETTY PETITE FILLE


Quoiqu’elle demeurât assez souvent au logis, elle négligeait dentelle et « frivolité ».

Pourtant un après-midi, Betty parvint à s’esquiver et d’une traite courut à la rue Roquépine.

Les deux amis, gênés par la chaleur croissante, la reçurent en costume de bain, ce qui ne l’effraya point, sachant par expérience que nul danger ne la menaçait auprès d’eux.

Railleurs, ils lui conseillèrent de les imiter, et elle s’y résolut sans trop de difficulté, gardant toutefois une juste mesure.

Le salon-boudoir des messieurs ou dames, était jonché de fleurs multicolores, des morceaux de rubans traînaient, une houpette de poudre gisait sur une causeuse, un bâton de rouge se morfondait à côté d’un pot de crème. Dans un récipient de cuivre brûlait une pastille du sérail qui rendait l’atmosphère plus lourde, plus voluptueuse encore.

Au milieu de cette bizarrerie, la fillette vivait, se mouvait sans un émoi, sans une répulsion. Tout ce qui servait à satisfaire les sens, lui semblait normalement permis.

Les éphèbes doués d’une égale amoralité, sentaient mieux pourtant, tout ce qu’il y avait de malsain en leur façon d’agir, mais ils s’y acharnaient, avec une joie sadique, heureux de pervertir