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BETTY PETITE FILLE

Madame Cérisy, sans vergogne, s’abandonnait au charme de sa compagnie, contrairement à ses habitudes, elle laissait transparaître, la fougue de son exaltation, se livrant ainsi à l’adversaire astucieux.

Celui-ci cependant, se tint ce jour-là sur une sage réserve, à propos de ses intentions pécuniaires, avouant seulement que ses moyens étaient réduits.

Madame Cérisy eut un bon sourire confiant et un geste désintéressé. Elle comprenait par là, que le compagnon ne pouvait rien offrir pour rétribuer ses faveurs et acceptait cette gratuité sans douleur. Elle ne prévoyait encore ses idées pratiques au sujet de la bourse des femmes. Il avait la conviction de ne rien recevoir en donnant beaucoup de lui-même, à l’inverse des autres hommes. Ces jeux anodins ne lui procuraient qu’une satisfaction très relative, à laquelle son cerveau déformé l’empêchait d’attacher d’importance.

Betty s’était réfugiée dans sa chambre et criait comme une lionne en fureur. Une jalousie, la première de sa vie, la bouleversait. Ce garçon, elle l’avait ardemment désiré, elle aspirait encore à son étreinte et sa mère, malgré les ans qui les séparaient, le lui volait soudain, indifférente au déchirement de son cœur.