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BETTY PETITE FILLE

La pensée de la vengeance traversa son esprit, mais elle ne voyait pour le moment, quelle possibilité elle détenait à ce propos. Évidemment enlever à Madame Cérisy, un de ses tapissiers, le plus généreux, lui aurait été une douce jouissance, mais elle craignait que son âge, comme d’ordinaire, ne fut un obstacle.

Son hypocrisie acquise lui permit de reprendre le masque serein qui lui était coutumier. Une dernière fois, elle s’examina dans la glace et sut voiler adroitement le feu de son regard.

La démarche posée, les gestes paisibles, elle quitta sa chambre et retourna dans l’antichambre, prendre la glace qu’elle y avait abandonnée.

Sérieuse elle l’emporta à la cuisine et prépara un plateau, renversant la sorbetière dans un plat de porcelaine. Ses mains tremblaient en se livrant à ces préparatifs ; elle aurait souhaité glisser dans cet entremet délicat, un peu d’un poison violent qui aurait arraché aux deux autres des râles de douleur.

Pourtant, lorsqu’elle retourna au boudoir, portant avec précaution le plateau, son apparence était normale, paisible même.

À la dérobée cependant, elle jeta à sa mère, un regard de haine. Celle-ci ne la vit point, trop occupée à soigner son attitude.