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BETTY PETITE FILLE


elle croyait deviner un secret, un mystère de sensualité. Et cela suffisait pour mettre le feu à son jeune sang, parce qu’elle se persuadait que la volupté restait l’unique joie véritable.

Sa sournoiserie acquise lui permettant de conserver toujours une apparence paisible, la mère ne remarquait rien. Au reste, elle préférait qu’il en fût ainsi, n’aimant point à se tracasser.

En réalité, la fillette ne se montrait pas autrement que la majorité des gamines de son âge que la nubilité exaspère, le hasard toutefois l’avait placée dans une situation particulière qui lui facilitait le moyen de s’instruire. Ce n’est jamais qu’au logis, au sein de la famille que l’enfant se déforme moralement, les impressions du dehors sont fugitives ; celles du home, plus prolongées, mieux raisonnées laissent une marque indélébile. Le père plaisante, glissant des sous-entendus grivois ; la fille écoute, retient et réfléchit ; d’un cheveu son imagination fait un câble et son cœur immédiatement a perdu un peu de son ingénuité et de sa pudeur. Mais l’autorité des parents engendrant l’hypocrisie, on ne devine rien autour d’elle, dans l’impossibilité de découvrir la gamine naissante sous le masque tranquille.

Sa toilette minutieuse, madame Cérisy la terminait insoucieusement sous l’œil vigilant de