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BETTY PETITE FILLE

Pourtant elle demeura maussade et son teint tellement blafard, que Madame Cérisy elle-même lui conseilla de manquer l’école.

À midi, elles déjeunèrent en silence, l’une en face de l’autre, évitant de se regarder. Chacune avait des pensées secrètes dont elle craignait la divulgation. Puis aussitôt après le repas, elles se réfugièrent au boudoir.

Plus l’heure avançait, plus la fillette se sentait nerveuse et plus la mère se troublait de sensualité exacerbée.

On sonna et ensemble elle sursautèrent : Betty devint très pâle, Madame Cérisy rougit intensément.

Elle eut un geste brusque et poussa la gamine :

— Mais va donc ouvrir !

Betty se dressa, ses sourcils se froncèrent, cette brutalité l’avait blessée. À la dérobée elle jeta à la femme un regard mauvais, puis elle s’éloigna, lentement, jouissant de la nervosité impatiente de l’autre.

Sa main tremblait lorsqu’elle tira le verrou, mais ensuite, elle eut un recul en voyant apparaître Charles. Ce jour là il avait négligé les habits féminins et se présentait en gentleman, une émeraude à l’index gauche, un bracelet d’or au poignet droit.