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BETTY PETITE FILLE

Le chapeau sur la tête, les fines chaussures craquant sur le parquet, elle retourna à la cuisine.

— Vous êtes prête Léontine ?

Le souillon la contempla avec ahurissement ; elle bougonna heureuse de tenir enfin une excuse :

— Plus souvent que j’va promener avec vous peinturlurée comme une peau !

La porte se referma bruyamment et l’antichambre retentit d’un rire cristallin, d’une galopade effrénée.

Sur sa chaise, Léontine avait un geste de mépris :

— La mère, la fille… c’est putain et compagnie… Et elle retomba dans sa douce somnolence.

L’escalier était solitaire, jusqu’au rez-de-chaussée tout alla bien pour la fillette, mais en bas les difficultés commençaient. Il s’agissait en effet de passer inaperçue devant la concierge assez bavarde pour parler sans nécessité.

Pour ces occasions, elle avait un moyen simple consistant à se rapprocher en tapinois le plus possible de la loge, puis ensuite de filer comme une flèche. Cette course restait silencieuse et rarement la préposée au cordon se dérangeait.

Dehors, elle activa le pas, pressée de quitter ce quartier où les bonnes gens auraient pu avoir la malencontreuse idée de la reconnaître. Bientôt cependant elle ralentit et releva le front.