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BETTY PETITE FILLE

Léontine haussa les épaules, vaincue par la fatalité. Entre haut et bas, elle laissa fuser de ses lèvres molles une interjection de général.

La fillette se sauva en riant aux éclats, elle aimait entendre ces mots grossiers, qui glissaient en elle un titillement étrange.

Dans sa chambre, elle choisit sa plus jolie robe, un fourreau de satin qui moulait son jeune corps aux formes déjà dessinées. Puis timidement, elle s’en fut chez sa mère.

Un léger rictus crispait sa petite figure lorsqu’elle s’approcha de la table de toilette, où tout l’attirait. Mais elle sut faire néanmoins un choix rapide. Devant elle, avec précaution, elle étala ce dont elle avait besoin : la crème blanche et parfumée, la poudre, le rouge brunette en une minuscule boîte dorée, le bâton pour les lèvres, un autre pour les sourcils et les cils.

Tout cela, elle le considéra un bref instant et un rire brilla dans ses yeux noirs.

Et sérieuse, suçant sa lèvre inférieure, elle se fit une figure de petite vieille. Ainsi elle était horrible, mais possédait une touche de vice qui étonnait. Cette impression qu’elle devait produire, elle la sentait instinctivement, ayant en elle un sens spécial qui l’aidait à percevoir tout ce qui avait trait à la sensualité.