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BETTY PETITE FILLE

Dans la pénombre de l’antichambre, elle lui caressa les cheveux :

— Tu t’es bien amusée, chérie ?

Elle sautilla sur une jambe, l’air bébête :

— Oui, p’tite mère, on s’est promené aux Tuileries, il y avait un garçon qui faisait marcher un grand bateau comme ça…

Madame Cérisy l’embrassa au front :

— Enfant, va !

La gamine dissimula un sourire moqueur ; vraiment cette naïveté du prochain lui paraissait incommensurable.

Curieuse, elle suivit sa mère jusqu’à la chambre à coucher, afin d’assister au déshabillage. À l’instar d’un jeune fauve, elle tournait autour de la femme, aspirant avec volupté les senteurs de parfums et de cigares mêlées. Ces odeurs suffisaient à faire naître en elle des tableaux d’une lascivité exagérée, elle se figurait madame Cérisy en compagnie de messieurs, se livrant à toutes les folies que son ignorance lui faisait supposer.

Aussi elle admirait les dessous élégants, palpait d’une menotte caresseuse, la combinaison transparente de charmeuse bleu tendre, le fin pantalon de linon, la chemise froissée en maints endroits.

Tout cela aiguisait son besoin de savoir, de