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BETTY PETITE FILLE

— Pour c’qu’elle me questionne, c’est pas la peine de m’biler !

Mais l’autre n’écoutait plus. Déjà elle avait gagné sa chambre où elle se dévêtit avec une hâte fébrile et en chemise se débarbouilla longuement. Un peu de noir resta aux sourcils, elle n’y attacha qu’une médiocre importance. Sa robe tachée l’ennuyait davantage, ne prévoyant quelle explication donner à sa mère.

Puis soudain, elle pensa à la barbe soyeuse qui rue Daunou s’était approchée de son col nu, au point de le frôler. Elle s’étonna de sa peur irraisonnée. Et là, songeuse, enfouie dans un grand fauteuil, elle regrettait cette occasion envolée. Maintenant que le danger était loin, elle se complaisait à ce souvenir et son imagination vivace, l’aidait à se figurer des tableaux charmeurs.

Dans la glace, elle se souriait, mimant d’une façon puérile les gestes qu’il aurait fallu faire, si l’audace à l’ultime minute ne lui avait manqué.

Le timbre de l’entrée la fit sursauter. Immédiatement toute son exaltation tomba, un masque paisible s’étendit sur ses traits et ses yeux de braise perdirent un peu de leur flamme fébrile.

Sa mère trouva une fillette calme, douce, d’une charmante puérilité.