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BETTY PETITE FILLE

Mais aussi, elle se cherchait elle-même ; ayant dépassé la période des jeux puérils, elle ne trouvait autour d’elle, aucune satisfaction véritable.

Ajouter à cela l’ambiance ; partout c’était la débauche étalée. La situation fausse de sa mère, qui vivait d’un amant, laissait traîner autour d’elle, un nuage de rut qui l’enveloppait, la détraquait, par l’éréthisme qu’il causait.

Préparée ainsi, elle ne remarquait plus au dehors, que ce même appel général des sens. Les femmes, à son avis, allaient débraillées et coquettes, à la recherche du plaisir ; les hommes filaient le nez bas, semblant des chiens reniflant la femelle.

Des mots crus résonnaient à ses oreilles et pendant des heures elle réfléchissait à leur explication cachée.

Tout cela s’emmagasinait dans son esprit malléable, énervant le désir toujours inassouvi complètement.

Madame Cérisy mangeait avec grâce, les gestes menus et maniérés ; ses bagues scintillaient projetant sur la fillette des rayons aigus, qui soudain exacerbaient son impatience de gagner, elle aussi par son corps, ces choses jolies. Elle voulait de tout ce qui brille, de ces toilettes qui avaient des friselis musicaux, de ces colliers