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BETTY PETITE FILLE

— Comme ils sont gentils tous les deux, reconnut Madame Leroy, qui aimait aussi ne pas vieillir.

Par crainte du feu, ou peut-être à cause des nécessités supérieures de l’économie domestique, Betty ne possédait point de lampe, mais seulement une bougie misérable.

Un moment, elle eut l’idée de réclamer de la lumière à Léontine, mais après réflexion, elle se ravisa. La pénombre lui plaisait, encourageant les audaces.

Robert bien sagement s’assit sur une chaise, qu’elle lui indiqua, pendant qu’elle-même, déjà petite femme d’intérieur, s’activait autour de lui.

Ce fut d’abord le jeu de domino qu’elle installa prudemment, par crainte d’une surprise, afin de sauver la face. Puis doucement, du fond de son armoire, elle tira une bouteille de Bénédictine. C’était là le produit de longues semaines de ruse et de rapines. Chaque jour, après que sa mère se fut servie de la liqueur, elle en chipait un peu. Ainsi insensiblement elle se procurait une réserve pour les grandes occasions.

Robert battit des mains, moins mûri que la fillette, il restait plus gosse, s’amusant surtout de la bonne farce.

Il eut une timbale d’argent, et elle se servit de son verre à dents. Ce fut presque du Murger.